Le paysage économique de la Nouvelle-Calédonie traverse une période de turbulences marquées par des émeutes et des incertitudes profondes. Au cœur de cette crise, la présidente du Medef-NC, Mimsy Daly, met en lumière un aspect souvent négligé : le financement du modèle institutionnel de demain. Son analyse soulève des questions essentielles qui interpellent à la fois le monde économique et politique local.
Alors que le territoire se remet lentement des événements de l’année précédente, la priorité, selon Daly, est de transformer la situation actuelle en une occasion de renaissance collective. Les projets de reconstruction, financés par l’État et les collectivités locales, s’élèvent à environ 15 milliards de francs. Cependant, la présidente souligne que cette aide, bien que précieuse, ne suffit pas à répondre à tous les défis structurels auxquels la région est confrontée.
Les mesures de défiscalisation pour la reconstruction des infrastructures commerciales s’avèrent être un pas dans la bonne direction, mais des discussions plus larges doivent avoir lieu pour assurer une perspective d’avenir. La complexité du système institutionnel actuel pose de sérieux obstacles au développement économique, rendant nécessaire une réflexion approfondie sur le modèle de financement de ces institutions. Les entreprises doivent être entendues pour anticiper le futur et établir un cadre qui favorise la croissance.
Contexte post-émeutes et défis économiques
Un an après les émeutes, l’état des entreprises calédoniennes est encore fragile. Daly rappelle que, même si des efforts significatifs de sauvegarde ont été mis en place, la phase de reconstruction vient juste de commencer. Les chantiers publics, tant attendus, constituent un premier signe d’espoir. La présidente insiste sur la nécessité de maintenir ce momentum, car le secteur privé doit également retrouver son dynamisme.
Les incitations à la reconstruction
Les initiatives de défiscalisation sont perçues comme un levier pour attirer les investisseurs. Ces mesures sont strictement limitées aux commerces détruits, ce qui interroge sur la durabilité de telles interventions. Dans un environnement où la sécurité économique est précaire, il est crucial de développer des stratégies de relance qui dépassent ce cadre restreint.
Les indemnisations des compagnies d’assurance avancent lentement, et seule une fraction des demandes a été entièrement traitée. La capacité à garantir de nouveaux contrats d’assurance demeure une priorité, la réassurance pour les émeutes n’étant plus une option en Nouvelle-Calédonie. Daly appelle à un fonds de garantie au niveau national, qui pourrait non seulement restaurer la confiance des investisseurs, mais également sécuriser les entreprises locales face à l’incertitude.

Réformes nécessaires et agilité fiscale
La conférence sociale et fiscale organisée par le gouvernement est perçue comme une étape cruciale. Pour Daly, la réforme fiscale est indispensable pour relancer l’économie. La faillite actuelle des comptes sociaux souligne la nécessité de revoir un modèle de financement qui doit s’appuyer plus fermement sur la création d’emplois et le travail local. L’impact de la crise sur le secteur privé est alarmant, avec la destruction de 12 000 emplois recensés.
Les propositions faites par NC éco doivent être prises au sérieux. La revalorisation des bas revenus à travers la modification des assiettes fiscales est une nécessité. Il est impératif d offrir une solution immédiate pour redonner du pouvoir d’achat aux habitants. Les décisions à venir doivent être réfléchies pour éviter une aggravation de la situation économique, qui pourrait engendrer des problèmes à long terme.
Comprendre la complexité du mille-feuille institutionnel
Le modèle institutionnel calédonien est caractérisé par une complexité excessive, souvent perçue comme un frein au développement économique. Cette situation engendre des coûts supplémentaires qui pèsent sur les finances publiques. Daly exprime sa préoccupation face à une structure qui ne favorise pas l’efficacité des processus économiques. Le poids de la fonction publique et l’inefficacité de certaines compétences doivent être reconsidérés.
La question du financement des compétences
Chaque compétence exercée par les institutions doit être évaluée par rapport à sa viabilité financière. Les mécanismes actuels, comme le droit des contrats et le droit des assurances, compliquent la tâche des entreprises et freinent leur développement. Pour une économie durable, ces questions doivent être adressées à un niveau politique.
L’impact direct de ces complexités sur les entreprises est réel. Les petites et moyennes entreprises souffrent le plus, car elles n’ont souvent pas les moyens de naviguer dans cette bureaucratie. La réflexion sur un modèle institutionnel simplifié est essentielle pour garantir un cadre de travail sain et propice au développement.

Appel à une vision territoriale
Le Medef-NC rappelle l’importance d’une vision économique territoriale pour garantir la relance de toutes les filières, notamment l’agriculture, le tourisme et le nickel. Un développement équilibré doit être envisagé, apportant des bénéfices à toutes les régions, y compris le Nord de l’île. Les inégalités régionales exacerbées par la crise doivent être réduites. Daly insiste sur une approche inclusive pour garantir que chaque partie de la Nouvelle-Calédonie bénéficie des initiatives économiques.
Les différentes filières économiques doivent aujourd’hui être repensées. La surdépendance au nickel doit être atténuée par le développement d’autres secteurs porteurs d’emplois et de revenus. Une diversification économique est essentielle pour résister aux crises futures et garantir une prospérité durable.
Perspectives d’avenir et engagement à long terme
Les discussions actuelles sur le modèle institutionnel et fiscal doivent aller au-delà des simples réformes. Elles devraient, selon Daly, aboutir à un engagement solide pour le développement durable du territoire. La reconduction de son mandat au Medef-NC témoigne de cet engagement. Se concentrer sur les besoins des adhérents est prioritaire, mais la présidente souligne également l’importance de ne pas céder à la tentation de la politisation de ces enjeux.
Le rôle des acteurs économiques dans le changement
Les acteurs économiques doivent jouer un rôle central dans la réflexion sur le futur économique et social de la Nouvelle-Calédonie. Une approche collaborative entre les entreprises, les collectivités et l’État est indispensable pour élaborer des solutions adaptées. La relance doit se bâtir sur des fondations solides qui favorisent les initiatives locales tout en garantissant une sécurisation des moyens de financement.

Un avenir à construire ensemble
Les défis posés par la situation actuelle nécessitent une action rapide et concertée de tous les acteurs. Daly rappelle que la solidarité et la collaboration sont les clés pour avancer. Il est crucial que chacun prenne conscience de son rôle dans cette dynamique de changement.
Les entreprises doivent se rassembler et partager des visions communes pour bâtir un avenir où le financement du modèle institutionnel ne sera plus un sujet de controverse, mais une alliance stratégique entre le secteur public et privé.